Implantée depuis 1994 à Chanteloup-les-Vignes, la Scop EBS Le Relais Val de Seine emploie 165 salarié·es, dont 100 en insertion, dans l’objectif de collecter, trier, revaloriser et revendre textiles et chaussures. Une partie est revendue au sein des 11 boutiques que compte l’entreprise dans les Yvelines, Le Val d’Oise et Paris 15e et 20 et aussi en ligne avec la Scic Label Emmaüs. Depuis 2 ans, la Scop a également développé sa propre marque d’upcycling, R/upcycling, un vrai pari, dont l’offre s’adresse autant aux professionnels qu’aux particuliers.
10 ans après notre première interview avec Jean-François Luthun, à l’origine de la création du Relais, sa nouvelle PDG, Émilie Morand, revient sur le développement qu’a connu la Scop ces dix dernières années.
Une optimisation de l’activité pour un gain de production
Le Relais Val de Seine, c’est avant tout une entreprise d’insertion agréée par l’État, dont le but est de permettre à des personnes éloignées de l’emploi de réintégrer le monde du travail, grâce à un accompagnement dédié, et à travers une activité de collecte, tri et revente d’articles de prêt-à-porter usagés. « Depuis 10 ans, notre Scop a franchi de grandes étapes », retrace Émilie Morand, sa PDG depuis un an.
« Nous nous sommes développés en nous appuyant sur l’optimisation de notre fonctionnement et le renforcement de notre ancrage local.
En soi, le volume collecté a légèrement augmenté et se situe toujours autour de 6 000 tonnes de textiles chaque année, dans plus de 1 000 points de collecte. Nous avons optimisé et travaillé sur la qualité de nos process, notre capacité de tri, de collecte et de production, ce qui a nécessairement abouti à une augmentation de nos ventes, et donc l’ouverture de nouvelles friperies. » Le Relais Val de Seine en compte désormais 11, dont deux dans Paris intramuros. « Nous avons également développé la vente en ligne de nos produits en intégrant la plateforme Label Emmaüs dès le démarrage du projet », complète Émilie Morand.
R/upcycling, des pièces uniques pour donner une seconde vie aux vêtements
Depuis deux ans, une nouvelle activité est venue compléter le panel déjà proposé par la Scop : la création de sa propre marque d’upcycling, R/upcycling. Dans les ateliers de Chanteloup-les-Vignes, une dizaine de salarié·es, dont la moitié sont des couturiers et couturières en insertion, revalorise certains vêtements collectés en les transformant en pièces uniques. « La création de cette marque est un vrai pari », raconte la PDG. « Les matières recyclées, de part le travail induit par leur collecte, leur tri, leur revalorisation, sont plus chères que les matières neuves : elles répondent à un engagement local, social et environnemental. On est sur des pièces de mode uniques plus chères, qui peuvent atteindre une centaine d’euros pour certaines.
Nous avons donc développé en parallèle toute une gamme d’offres autour de cette marque, qui s’adresse autant aux professionnels qu’aux particuliers.
Par exemple, nos équipes sont actuellement mobilisées sur les fans zones des JO de Paris pour des ateliers de sensibilisation à l’upcycling. On propose des activités de team-building aux entreprises sur ce modèle, mais aussi la conception de mobiliers et scénographies textiles sur mesure, la création de vêtements personnalisés pour des projets d’entreprise engagés, ou encore du co-branding, pour la création de collections capsules en collaboration. Le champ des possibles est large ! »
Un projet coopératif redynamisé
Pour mener à bien toutes ces activités, 165 salarié·es, dont 100 en insertion, contribuent au projet stratégique proposé par le nouveau conseil d’administration élu l’an passé, articulé autour de l’autonomie financière, la transition écologique, et l’impact social par l’insertion. « La Scop est un moyen de replacer les personnes éloignées de l’emploi au cœur de la société » rappelait Jean-François Luthun, fondateur de l’entreprise, lors de notre interview en 2014. Une philosophie qui prévaut toujours aujourd’hui : « Nous intervenons sur un territoire qui s’étend de Poissy à Mantes-la-Jolie et où vivent 80 % des bénéficiaires du RSA du département.
40 nationalités différentes se retrouvent autour du projet commun porté par Le Relais. On travaille à faire entreprise avec toutes ces différences. C’est un beau projet de vivre ensemble qui nous porte » rappelle Émilie Morand.
Mais comment embarquer tout le monde dans un projet coopératif, dans ces conditions ? « Il a été complètement revisité avec les équipes ces dernières années », explique la PDG. « Nous nous sommes interrogés sur les avantages du sociétariat dans une entreprise comme la nôtre, dans laquelle le but n’est pas de faire plus de bénéfices et de les reverser aux sociétaires, mais de développer l’activité. Pour autant, dans nos statuts, le sociétariat est obligatoire pour tout CDI au bout de 5 ans. Alors comment redonner du souffle, de l’envie ? Nous avons réuni tous les sociétaires pour y réfléchir. Résultat, par l’information, l’acculturation, nous avons suscité plus d’envies, et aujourd’hui, certain·es rejoignent le sociétariat avant l’échéance des 5 ans. Concrètement, nous envoyons tous nos nouveaux et nouvelles associé·es à la formation « Bienvenue en Scop » dispensée par l’Union régionale des Scop et Scic, afin qu’ils acquièrent les bases d’une culture coopérative et la connaissance de leurs droits et devoirs. On a également mis en place des journées sociétaires thématiques, sur la politique salariale par exemple. Les salarié·es se rendent ainsi compte qu’ils peuvent agir sur les axes stratégiques de leur entreprise, prendre leur part dans les décisions. Et c’est un formidable moteur qui permet de se projeter dans la Scop. »
Un nouvel espace à horizon 2025
La Scop, qui fêtera ses 30 ans le 20 septembre prochain lors d’un événement réunissant toutes les parties prenantes du projet autour d’une visite du site, d’un défilé ou encore de customisation de borne de collecte, ne manque pas de projets pour les mois à venir. « Ce qui nous occupe actuellement, c’est un projet d’extension que nous avions lancé dès 2022, avec le soutien du département, de la région et de l’État, mais qu’en raison de l’inflation, nous avions dû mettre en pause. Il reprend aujourd’hui : les travaux vont démarrer en octobre, et conduiront à l’agrandissement de nos locaux actuels, ce qui permettra une réorganisation et une réaffectation des espaces, et une augmentation de notre capacité de stockage et de production. On envisage l’emploi de 15 nouvelles personnes », détaille Émilie Morand. Des perspectives positives qui ne manqueront pas d’être saluées par l’ensemble des partenaires du Relais le 20 septembre prochain !
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