Savez-vous que le 11e arrondissement de Paris abrite l’unique librairie et maison d’édition de littérature érotique de France, créée en 1995… et que celle-ci est une Scop depuis le départ à la retraite de son fondateur en 2021 ?
Depuis 30 ans, La Musardine, dont la devanture vient d’être repeinte en rouge carmin, a su s’imposer comme référence dans le paysage littéraire. Retour sur son histoire.

Aux origines de La Musardine
Aux origines de La Musardine, il y a Média 1000, label de littérature érotique au format poche exploité depuis 1980 par Hachette. En 1995, Claude Bard quitte le groupe et décide d’exploiter Média 1000 en créant sa propre maison d’édition. Ainsi naît la Musardine.
Depuis, la maison d’édition-librairie, pionnière de l’érotisme décomplexé, a su faire évoluer sa vision du désir et de l’intime au gré des transformations culturelles et sociales. Située 122 rue du Chemin Vert à Paris, elle propose l’essentiel de la production érotique disponible en France. Pionnière de la vente de livres par correspondance, elle s’appuie également sur un site web créé dès 2002. En parallèle, elle édite ses propres collections. Jean-Jacques Pauvert y développe sa collection de poche Lectures amoureuses, Ruwen Ogien y publie des textes engagés, Bernard Joubert y lance un label BD : La Musardine gagne ses premiers galons et s’impose comme un acteur de référence dans le domaine de l’érotisme littéraire.
En vous baladant dans les rayons de la librairie, ou sur leur site Internet, vous trouverez des essais universitaires, des romans, des bandes dessinées, des livres pratiques, des mangas, etc. Tous abordent différentes thématiques : humour, photographie, féminismes… Le but étant de proposer une pluralité d’ouvrages qui permette une réinterprétation contemporaine du désir, portée par des récits modernes et engagés.
La Musardine assume en effet une politique éditoriale frondeuse et militante. Convaincue que l’évolution des mœurs passe aussi par le livre, elle porte sans rougir le flambeau de la sexualité libre et décomplexée sans craindre de se heurter aux cerbères de la morale et de la bienpensance. De la pédagogie coquine des guides « Osez » aux pamphlets engagés en passant par les brûlots pornographiques aptes à choquer le bourgeois, La Musardine et ses auteurs mènent le combat sur tous les fronts !

Une histoire qui s’écrit à plusieurs
Au départ à la retraite de son fondateur Claude Bard, et après plusieurs mois de réflexion collective avec les salarié·es, la Musardine a sauté le pas de la transformation en Scop en 2021. Une mutation dans la continuité, Claude Bard s’étant attaché à autonomiser son équipe, rassemblée autour de sa directrice générale, Anne Hautecœur, dans les années précédant son départ.
Aujourd’hui, celle qui a démarré sa carrière comme stagiaire à La Musardine dirige une équipe de huit salarié·es, dont cinq associé·es.
« On se réunit régulièrement et on redistribue les résultats de l’entreprise à l’ensemble des salarié·es. On a la chance de dégager du résultat depuis notre transformation en Scop en 2021. C’est un système de gouvernance qui permet de prendre les décisions en commun, de ne pas suivre une seule personne qui décide de tout et à qui on doit tout.
Être en Scop, ça permet de partager les projets, les problèmes aussi, et c’est beaucoup plus stimulants pour tout le monde, y compris pour la personne qui dirige ! »
Longue vie à La Musardine !