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Coopérative Mu : 15 ans d’intelligence collective

10 07 2025

Structurée et pensée dès l’origine comme un espace du « faire commun », de l’expérimentation collective d’une autre forme de travail, la Coopérative Mu, agence d’éco-conception basée à Paris, Redon et Grenoble, place naturellement l’humain au cœur de son activité. Parce que ce qu’ils et elles produisent est aussi important que la manière dont ils et elles le produisent, Mu fait de la coopération son engagement quotidien depuis 15 ans. 

L’éco-conception et l’humain au cœur 

La Coopérative Mu l’annonce clairement dès la page d’accueil de son site Internet : « Nous sommes un groupe d’humains engagés qui souhaitent contribuer à démontrer que, grâce à l’éco-conception et par la coopération, un changement de paradigme est possible pour rendre ces futurs souhaitables et surtout enviables. » Loin d’être simplement déclarative, Mu a fait de cette ambition la structuration même de son fonctionnement. 

« Notre métier se mélange à notre gouvernance », explique ainsi Amaïa Danel, designer consultante et associée de la coopérative. 

« L’éco-conception est un terreau fertile pour la coopération. Nous intégrons l’environnement dans notre réflexion et dans notre production, il est donc naturel d’y intégrer l’humain aussi ! » 

L’approche de Mu remet en question le besoin auquel répond un produit ou un service. Cette prise de recul permet ainsi de repenser le système produit dans son ensemble et à chaque étape, en définissant des critères de soutenabilité pour cadrer sa pertinence environnementale. « Nous cherchons à être une entreprise en cohérence entre ce qu’elle fait (des projets d’éco-conception pour ses clients) et la manière dont elle le fait (notre gouvernance). C’est la raison pour laquelle Anthony Boule et François-Xavier Ferrari, les deux co-fondateurs, ont choisi le statut de Scop dès la création de l’agence en 2010 », retrace Amaïa Danel. 

La force du collectif… 

Retour en 2010, donc. Anciens collègues, Anthony Boule et François-Xavier Ferrari ont l’idée d’hybrider leurs deux métiers d’ingénieur environnemental et designeur industriel pour créer la Coopérative Mu, l’une des toutes premières agences d’éco-conception en France. Le choix du statut ne fait pas débat : ce sera la Scop, en cohérence avec leurs valeurs – prééminence de la personne humaine, démocratie, transparence, solidarité et partage – et leurs ambitions. 

« Dès le départ, ils voulaient que l’entreprise soit un laboratoire du faire commun, un terrain d’expérimentation à une autre forme de travail et d’organisation. 

Je les ai souvent entendus dire qu’à 20 cerveaux, on est plus performants qu’à 2. Dès la création, il y avait donc l’ambition de construire un groupe à taille humaine pour coopérer. Ils étaient assez visionnaires, car la trajectoire imaginée il y a 15 ans est à peu de choses près celle qui s’est effectivement réalisée ! Nous sommes aujourd’hui 16 salarié·es, dont 15 associé·es depuis notre dernière AG fin juin. L’arrivée au sociétariat de quatre nouveaux salarié·es est d’ailleurs une grande étape pour Mu, qui reflète notre engagement à être une entreprise réellement partagée et gouvernée collectivement », rappelle Amaïa Danel. 

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… au service de projets qui font sens

L’objectif affiché de Mu est d’embarquer un maximum d’acteurs et actrices pour être ambitieux et radicaux pour un minimum d’impact environnemental et un maximum d’impact social. Aussi, si le cœur de métier de Mu est plutôt centré sur les produits et les systèmes, avec la conception d’objets, de mobilier ou encore d’aménagement de lieux événementiels, la coopérative constate ces dernières années des besoins croissants dans le serviciel et l’organisationnel. La Scop a d’ailleurs développé une offre de formation et de sensibilisation, et donne également des cours dans plusieurs écoles. Comme l’indique Amaïa Danel, « les étudiant·es d’aujourd’hui sont les concepteurs de demain, il nous semble donc nécessaire de les informer des enjeux et les former dès à présent ! ».

En 15 ans, Mu a réalisé plus de 500 projets éco-conçus dans une multitude de secteurs. La conception des gourdes Gobi dès 2010, a permis de donner tout particulièrement de la visibilité au concept d’éco-conception auprès d’un public plus large, tandis qu’en parallèle, le développement du soutien de l’ADEME aux entreprises et l’évolution de la législation ont également contribué à faire évoluer les mentalités sur le sujet de l’impact environnemental des objets, notamment ceux jetables. 

Faire vivre la gouvernance partagée 

Concrètement, comment la gestion collective se traduit-il au quotidien chez Mu ? De nouveaux sociétaires chaque année, un comité coopératif constitué de 3 à 9 personnes tournantes, un·e président·e élu·e parmi elles à l’issue d’une élection sans candidat·e, des cercles de fonctions guidés par des facilitateur·rices, des sujets gérés par consentement… Le fonctionnement de Mu s’ancre dans le partage des décisions, la responsabilisation de chacun·e, et la confiance. 

Le comité de coopération se réunit deux fois par mois ou davantage, si les sujets à traiter son urgents. Ouvertes en visio à tou·tes les salarié·es, quelque soit leur statut et fonction, ces réunions font l’objet d’un résumé partagé avec toute l’équipe, en toute transparence. « À la table des échanges, on a coutume de dire que la coopérative est une personne à part entière, assise là, à nos côtés. 

Nos décisions sont toujours prises en prenant soin des individus qui composent le groupe, et dans l’intérêt du collectif. Cette co-construction permet à chacun·e de se sentir impliqué·e, et favorise l’envie de s’inscrire dans le projet de la Scop à plus long terme, en devenant associé·e », 

indique Amaïa Danel. 

En 2022, la Scop modifie ses statuts en ajoutant l’obligation à devenir associé·e au bout de deux ans. « Nous les avons fait évoluer pour passer de SARL à SAS. C’était une manière de les mettre en cohérence avec nos pratiques. Les décisions stratégiques étaient dans les faits déjà portées par l’ensemble des associé·es », précise encore Amaïa Danel. 

Attentif aux besoins individuels bénéfiques au groupe, le collectif salarié a récemment ouvert des antennes à Redon et Grenoble. Une décision qui n’était pas sans conséquence sur la notion de « faire équipe ». « Au départ, on a sacralisé deux jours par semaine en présentiel à Paris. Mais en fait, on a réalisé que le collectif était mature, et que les séminaires, les instances de gouvernance, et les cercles de fonctions permettaient de faire équipe malgré la distance. Nous sommes mouvants de l’intérieur en permanence, en ajustement constant », illustre Amaïa Danel. « On intellectualise beaucoup, c’est vrai, mais on se lance car on n’a pas peur de l’échec. La résilience dont Mu fait preuve n’est possible que par notre statut coopératif, et par cette confiance que nous avons toutes et tous dans le collectif », concède-t-elle.

Et les 15 prochaines années ?

Structure en transformation et adaptation permanente (d’où son nom), Mu fait donc constamment évoluer son métier d’éco-concepteur tout autant que son organisation. Ainsi, elle a récemment modifié sa gouvernance, en ouvrant son capital à un associé extérieur… qui n’est autre que François-Xavier Ferrari, l’un de ses deux co-fondateurs, qui a quitté la Scop il y a quelques mois pour se lancer dans une reconversion professionnelle. « Le départ de François-Xavier s’est fait de manière très fluide, naturelle », se remémore Amaïa Danel. « Nous sommes dans des dynamiques mouvantes, qui changent chaque année. Nous avons géré ce départ collectivement. Grâce à transparence et à la confiance qui scellent l’équipe, cette annonce n’a pas généré de craintes en interne et son départ s’est fait très simplement. »

La Coopérative Mu espère atteindre la trentaine de salarié·es d’ici 2030, et ensuite atteindre une forme de stabilité, ce qui nécessite dès à présent une réflexion sur le modèle économique. Avec l’ambition réaffirmée de faire de l’entreprise un puissant levier de la transformation environnementale et sociétale, et la conviction qu’un futur désirable ne peut s’écrire qu’en commun. 

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